Fougoumba : Cité religieuse au cœur du sacre des Almamys du Fouta
Fougoumba : Cité religieuse au cœur du sacre des Almamys du Fouta
Au17 ème siècle, au Fouta Djallon s’est développé un royaume théocratique, où le pouvoir était exercé par des Almamys déformation lexicale du mot arabe al imam qui avait dans le contexte un double sens : Celui qui dirige la prière chez les musulmans ou autorité politique qui dirige le pouvoir alors.
Celui qui briguait le pouvoir à cette époque devait avoir maitrisé le coran et devait être intronisé, ce rituel devait se passer dans une province alors appelée Fougoumba aujourd’hui dans la préfecture de Dalaba.
Cette intronisation durait une bonne semaine pendant laquelle, chacune des 9 provinces qui constituaient le royaume venait prêter allégeance en apportant son turban que l’Almamy devait porter puis retirer et confier au chef de la province concernée.
L’intronisation de l’Almamy dans le Fouta théocratique : Une investiture avant l’heure de la démocratie moderne
L’intronisation de l’Almamy qui s’apparenterait de nos jours à une investiture présidentielle, si l’on se fie au parallélisme des formes.
L’Almamy, à la fois autorité politique supérieure et autorité religieuse ne pouvait exercer le pouvoir que s’il avait été intronisé et couronné à Fougoumba.
La consanguinité au cœur du couronnement des Almamys du Fouta
Selon Thierno Ousmane Barry originaire de Kourou Seriabhe son aïeul était le porte-bouilloire de Alfa Ousmane de Fougoumba, chef du Diwal éponyme (diwal : mot pular pour expliquer province) ayant le plein pouvoir de couronner ceux qui devaient exercer le pouvoir.
Fougoumba est à la base fondée par une famille unique constituée d’une fratrie consanguine issue de trois épouses du même aïeul : Halimatou qui a donné naissance au clan des Halimayabhe, Djiba qui a donné les Djibayanké et Douga qui donné les Dougayankés.
Selon l’histoire familiale racontée de génération en génération jusqu’à lui, notre interlocuteur raconte que quand il s’est agi de partager le commun héritage, l’ainé qui était le fils de Halimatou a pris pour les siens la science et la maitrise du Coran sacré, son cadet qui et le fils de Djiba a hérité du pouvoir et au benjamin, il a été laissé la richesse matérielle.
A Fougoumba, le couronnement de l’Almamy était solidairement fait par des représentants de ces trois branches par ordre de naissance, les Halimayabhe ceignaient la tête du monarque de la première coudée de turban dans le sens du cercle puis chacun des frères apportait la complétude dans un sens latérale puis chaque province vassale posait son turban sur la tête de l’Almamy. A la fin de ce rituel chaque chef de province recevait des mains de l’Almamy son turban retiré de sa coiffe ce qui signifiait que l’Almamy conférait une partie de ses prérogatives à ce dernier qui reconnaissait par la même occasion la suzeraineté du monarque et l’affiliation de sa province à son autorité.
A la fin de la cérémonie, il ne devait rester sur la tête de l’Almamy que le turban de Fougoumba que l’Almamy portera jusqu’à la fin de son règne.
Le couronnement de l’Almamy : Un exercice pour mettre le souverain à l’abri du besoin
Cette période de retraite était l’occasion pour chaque province d’apporter de la richesse au souverain (chevaux, or, argent, nourriture esclaves etc.)
Le but visé étant d’enrichir l’Almamy pour le mettre au dessus du vol, de la corruption et de l’injustice.
Fougoumba : Cité sacrée où les armes étaient interdites
A Fougoumba, lors du couronnement d’un Almamy, il devait passer par une case attenante au lieu du sacre, cette case était une sorte de salle d’attente, n passage obligé. Le candidat une fois dans le vestibule consacré devait s’asseoir sur un tapis de prière notamment une peau d’un animal d’élevage (mouton, chèvre ou bœuf) et faire face à l’Est. Lors du rituel, la sourate 106 du Saint Coran Qoreich était l’une des plus usitées.
Aucune arme n’était admise à Fougoumba et seul Alfa Ibrahima Sambegou Barry le premier Almamy a régné sans être couronné.
13 des 14 Almamys du Fouta ont porté le turban de la chefferie et des 13, seul l’Almamy Mamadou Paté Barry, grand frère de Bokar Biro, héro national de la république de Guinée craignant une effusion de sang pour la conquête du pouvoir contre son cadet, s’est fait couronner en dehors de Fougoumba.
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