Etre journaliste en pays pauvre
Être journaliste aujourd’hui dans notre pays c’est signer un pacte avec le diable et s’attendre à ce qu’il vienne un jour ou l’autre chercher son dû.
Être journaliste c’est braver mille dangers au quotidien dont un pouvoir qui vacille sur ses frêles appuis acculé de toute part et aux abois, être journaliste c’est dénoncer les agissements honteux de nos politiques promptes à sacrifier la patrie sur l’autel de leur égoïsme.
Être journaliste c’est braver le sommeil et le repos et sortir aux aurores en quête d’un scoop, c’est supporter les intempéries et les saisons, les sarcasmes et les quolibets des uns et des autres avec le même flegme.
Être journaliste c’est cette aptitude et cette habitude à s’entêter et à tenir tête aux hautes sphères de l’Etat et à sortir le peuple des abysses de l’ignorance et de la désinformation au risque de se retrouver battu ou derrière les barreaux d’une prison au meilleur des cas ou simplement mort dans le pire des scenarii.
Être journaliste, c’est croiser le fer avec tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir à défendre et qui vous regardent avec morgue et crainte mêlées.
Être journaliste c’est savoir supporter le regard des gens qui te détaille comme un extraterrestre tout droit sorti de Mars. Des regards loin d’imaginer que tu es un être doué d’émotions.
Être journaliste c’est forcer le respect par la plume et non le fusil, par la langue et non l’épée au point d’instiller à ceux qui suivent ton évolution la culture du mérite et de l’effort et leur arracher l’admiration.
Être journaliste c’est abdiquer à tout repos, toute vie de famille pour un éphémère succès qui use tes sens ,ton corps et ton âme et toi tu y restes accroché et scotché comme un condamné à mort attendant qu’un miracle se produise quelques minutes avant l’exécution de la sentence ;être journaliste c’est planer dans le airs de son propre subconscient en quête de ce petit plus qui toujours saura marquer la différence. Être journaliste c’est savoir tourner ces méninges pour avoir en période de choux gras ou de vache maigre quelque chose à exposer pour assouvir l’appétit de celui qui vous lit ou vous écoute par ricochet celui qui vous fait vivre. Être journaliste c’est être un homme sacrifice, c’est être les sens de milliers de personnes et qui à peine sauront vous rendre hommage à l’heure du grand voyage.
Être journaliste, c’est être adulé ou haï pour de bon parce que les jugements ne te sont jamais cléments et te frappent plus sévèrement que tous les autres parce que de toi on attend des actes aseptisés et purs comme de nulle autre personne au monde.
Être journaliste, c’est prendre des coups et les rendre avec la même énergie avec toujours plus de punch ,mais c’est aussi savoir traiter les uns et les autres avec le respect qu’il mérite tout en les obligeant à se détourner du mauvais chemin et à se repentir .
Être journaliste c’est avoir un carnet d’adresses fourni au lieu de poches garnies et c’est devoir sans cesse se remettre en cause dans un monde où se côtoient rationalisme et mysticisme, être journaliste c’est enfin avoir le cul entre deux chaises sans savoir sur laquelle on compte finir sa journée. Être journaliste c’est viser le haut alors que tout vous tire vers le bas.
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