Divorcée à l’âge du mariage

Article : Divorcée à l’âge du  mariage
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31 juillet 2017

Divorcée à l’âge du mariage

Halima allait sur son 16 ème hivernage, la peau claire et lisse , elle était belle et avait le sourire nacré. Élancée elle paraissait avoir plus que son âge.
Elle était encore au collège mais les prétendants se bousculaient au domicile familial, chacun nourrissant le rêve d’arracher cette beauté à l’affection de ses parents pour en faire son épouse.
Mais déjà, sa mère qui était sa complice avait astucieusement éconduit tous les prétendants qui ne répondaient pas au profil qu’elle avait perfidement définie pour sa  »beauté’’ de fille .
Tous avaient abdiqué devant l’exigence de la mère de Halima, tous sauf un, Bouba , jeune homme au corps d’athlète fraîchement rentré d’Europe notamment de la France où il a passé une décennie .
Tout en Bouba dégageait confiance, il était jeune, beau et riche et était l’objet de toutes les convoitises et pourtant contre la volonté de sa famille qui voulait l’emprisonner dans une liaison endogamique ,le jeune homme était amoureux raide de Halima.
Les préparatifs du mariage ne furent pas longs car le jeune homme était plein aux as, mais toutefois il n’avait aucune envie d’épouser la belle Halima et de l’abandonner seule dans une concession à la merci des coureurs de jupon et autres loups destructeurs de foyers.
Ainsi demanda- t- il la faveur de faire un mariage sobre pour lui permettre de faire face aux formalités d’obtention des documents de voyage pour sa bien aimée.
A cette requête, la réaction de Binta , mère de Halima fut sans appel:
<< peut être qu’elle n’aura pas la chance de voyager maintenant mais son mariage devra être mémorable, elle ne s’en ira pas en catimini dans le secret comme s’il s’agit d’un troisième mariage en tout cas pas tant que je serai en vie. >>
Les paroles étaient claires et le beau Bouba était fouetté dans son orgueil de mâle, dans sa famille on se faisait respecter depuis des siècles ,il n’écornera pas cette réputation ,lui Bouba, non !
Il prit la décision de se prêter au jeu de la belle mère mais tout en sachant qu’après le mariage la belle Halima allait restée dans sa ville natale ,au risque de se retrouver dans une liaison virtuelle que seule entretiendront les réseaux sociaux .
Alors pour une fête c’en fut une ,un boeuf fut immolé, de la nourriture à foison partout, des billets de banque inondèrent griots et courtisans ,sans compter le déplacement de l’artiste le plus en vogue du moment dont le cachet fut particulier car c’est un engagement qu’il a prétendu avoir rompu pour prioriser les noces de Halima et Bouba ………
Dans sa petite tête ,Halima commençait à se poser des questions 2 ans que son mari était parti ,il ne semblait pas vouloir revenir encore moins se battre pour l’emmener près de lui ,elle savait certes pourquoi mais n’osait pas en piper mot.

Puis un jour , Bouba revint et encore une fois sur les pressions de sa mère Halima voulût convaincre son mari qui se montra peu réceptif à sa demande alors obéissant aux injonctions et plans de sa mère Halima fit ses valises et revînt au domicile familial croyant avoir marqué un coup.
Plus décisif, Bouba ne s’en morfondit pas et profita même de ce coup de blues pour convoler en secondes noces dans une sobriété qui contraste absolument avec les fastes de la première union.
Après le mariage, joignant sa promesse à l’acte Bouba fit faire les documents de sa femme et repris le chemin de l’Europe flanqué de sa toute nouvelle épouse.
Alors pour la belle Halima arriva la désillusion, l’instant du regret, ce moment où le doute est maitre de l’ âme en peine dont les larmes sont le réconfort.
Halima s’était aigrie et ne sortait presque plus, son visage était cernée de rides, la voici désormais divorcée par manque de lucidité et d’obéissance aveugle à sa mère, elle paraissait même avoir vieilli de 10 ans.
Plus d’école, plus de foyer, divorcée à l’âge d’être marié désormais la belle n’était plus cette beauté qui hantait le sommeil des jeunes du quartier, elle était devenue une ombre, l’ombre d’elle-même ,un fantôme qui n’avait que ses yeux pour pleurer un mariage où elle aurait pu tout gagner……

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Commentaires

Nene Aïcha Diallo
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Le mariage une question de choix mais aussi d'une vie à deux pas une liaison où chacun a son mot à dire.
Non seulement victime d'un mariage précoce, le foyer de la petite halima était de plus gérée par sa mère( d'ailleurs fait toujours courant chez nous, la maman s'investit que de trop entre mariée et son conjoint) que du couple lui-même. Par manque de maturité ou d'âge ? Cette union échapperait sûrement à la rupture si les deux conjoints étaient majeurs et décidaient de leur destin.
Conséquence d'apprêter une oreille attentive à toute info, liée d'une façon à une autre à cette vie à deux.
L'absence d'expérience et d'âge de la fille peut toujours conduire au divorce. Parce que si elle était prête dans la tête et physiquement, aucun être ( sa mère y compris ) ne pouvait en être possession de son âme, au point de rompre les liens sacrés du mariage.
Il s'agit d'une vie à deux, l'idée première de bouba pouvait les rendre heureux à jamais et l'abri des regards.
Cependant on a ce défaut chez nous, de vouloir imité l'autre ou qu'on parle de nos cérémonies comme un événement hors du commun.
Résultats : divorces nombreux et répétitifs!

Saliou Kankalabe
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Belle fiction !

Landho Guinée
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Une belle leçon de vie ,pour ceux qui ont la chance d'avoir une tête qui anticipe .
Pas que les filles mais les parents qui sont les principaux responsable des échecs des mariages.
A chacun sa vie ,a chacun de choisir son âme soeur ,a chacun de prendre la décision de le quitter.A chacun de gérer les conséquence de ses actes .