A la découverte de Gorée, théâtre historique d’une atrocité sans nom

Article : A la découverte de Gorée, théâtre historique d’une atrocité sans nom
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3 mars 2019

A la découverte de Gorée, théâtre historique d’une atrocité sans nom

le début de l’aventure
10h et des poussières, nous venons de pénétrer dans le quai de Dakar, toute l’équipe est là , trois reporters et autant de cadreurs /producteurs.
Du groupe un seul avait fait le voyage de Gorée, une fois.
Nous prenons nos tickets valable pour l’aller et le retour au tarif de 2700, l’unique.
Le Ferry n’est pas encore là et pour gagner du temps , on se propose de faire des images du départ ‘’Idy’’ sort son matériel et s’installe mais n’a pas le temps de filmer, un homme sort d’un des bâtiments et nous apprends qu’ici filmer n’est pas permis sauf en montrant patte blnche de l’administration portuaire, on s’excuse et le matériel est remballé.
L’équipe rejoint la salle d’attente. Presque 5 mn après , la sirène retentit, c’est l’heure d’embarquer pour Gorée.
Pour la liaison, c’est un ferry blanc dénommé ‘’Mame Carmel’’ qui jouera le coup.
Les passagers se pressent, nous avec eux. Pour la circonstance, je choisis de m’installer en hauteur sur le premier niveau du bâtiment et en première place, désireux de savourer chaque instant de ce ‘’pèlerinage’’.
Entre nous, j’ai une petite phobie des vastes étendues d’eau, quand je dois m’y aventurer mais pour ce coup ci malgré quelques appréhensions, l’excitation et le gout de l’aventure font de l’ombre à ma peur intérieure.
Le bâtiment se met en marche, tangue un peu et prend sereinement l’eau, c’est parti pour la terre de l’histoire.
Gorée : premier contact visuel
Depuis 10 mn déjà que naviguait le ‘’Mame Castel’’, le spectacle était surréaliste, de mes lunettes, deux où trois hardies pirogues de pêche, et rien qu’une eau verdâtre à perte de vue, concentré sur une chanson que j’écoutais via mon casque, je vois trois personnes se lever et se rapprocher du bord, je sens qu’il y a du spectacle, je me lève et Waaw !!!! je ne sais pas comment j’ai pu canaliser la joie et ma belle surprise, Gorée venait de se livrer à nos regards.
J’exulte, dans quelques minutes je verrai ces bâtiments qui illustraient mes livres d’histoire, la porte du ‘’non-retour’’ et tout le reste, je pourrai confronter mes lectures, mes imaginations à la réalité enseignée sur le théâtre du malheur de générations entières de noirs.
Pour ce premier contact la couleur, l’architecture des bâtiments et le calme apparent, une magie…
Gorée : La mercantile touristique
A nos premiers pas sur le sable insulaire de Gorée, la première chose qui frappe n’est pas historique mais mercantile. Ce qui à mon avis vole la vedette à l’histoire.
Des baraques de vente d’articles divers, puis les restaurants et des hommes qui racolent tout le monde. Ici tout le monde est ‘’guide’’, tout le monde est historien, géographe, incroyable !
Un homme se présente à nous et nous demande si on veut filmer, on répond qu’on voudrait bien, nous voulons faire des reportages ici. Impossible sauf avis favorable du maire nous dit-il.
On demande où trouver le maire, il sort son téléphone et lance un appel, mais il tombe sur un homme qu’il présente comme ‘’attaché’’ de cabinet du maire, on insiste peut-on avoir le numéro du maire, « je n’ai pas le droit de donner son numéro et en plus, il était en voyage, il est rentré fatigué, sans compter que l’administration ne travaille pas samedi … »
Ce mec, de l’avis du groupe est louche, mais on attend, son interlocuteur qui vient nous faire tout une littérature avant de dire que pour filmer nous devons payer un quota à la commune, on décide d’y aller mais avant je tente de déstabiliser celui que je trouve louche, et lui lance :
« je croyais que l’administration était fermée », il bredouille et on s’éloigne.
Nous arrivons à la commune pas âme qui vive, puis une minute après un homme en boubou nous salue et se présente comme le ‘’trésorier ‘’ de la commune, celui à qui nous sommes censés verser notre argent, il nous dit que pour filmer , c’est 100000 CFA et commet l’erreur de dire qu’il avait reçu l’appel du prétendu ‘’attaché ‘’ de cabinet du maire. Nous renonçons et décidons de faire du tourisme. Simplement.
Une maison des esclaves défigurée sans Joseph Ndiaye
On paye le ticket d’entrée, une broutille, 250 francs CFA et nous voici dans la maison des esclaves, la chasse gardée alors du maestro Joseph Ndiaye.
Trois guides font faire le tour en expliquant .Trois hommes, dont un qui parlait anglais.
Je suis les explications et remarque qu’aux noirs africains, l’histoire servie n’était pas la même qu’aux blancs et je remarque parfois beaucoup d’exagérations qui font que des choses communes à l’Afrique parfois sont attribuées au Sénégal seul, un peu de chauvinisme ne tue pas. je suis déçu !
Je visite les cales, ces anciennes cellules exiguës où étaient entassés les esclaves. Elles étaient nombreuses. Il y en avait pour les mineurs, les femmes, les inaptes temporaires, ceux qui n’avaient pas 63 kg et les récalcitrants, je termine par la porte du non-retour, cette porte, où bien de liens se sont rompus par le départ où la mort. Cette porte, où des personnalités célèbres se sont faites photographiées, Mandela, Clinton, Obama et, et….
En foulant Gorée, ce deux mars2019, j’ai ressenti de la joie, la chance d’avoir vu de mes yeux cette ile légendaire où une part d’histoire s’est écrite mais je ne sais pas pourquoi mais je m’attendais à une émotion particulière, que la maison des esclaves n’a su me procurer, je m’attendais à une charge émotionnelle aussi intense que celle que j’ai ressentie à Ouidah, l’autre porte du non retour, il y a 8 ans, mais elle n’est pas venue.
Tout de même on visite l’ile dans ses multiples coins et recoins, jusqu’à son pic, où se trouve un canon géant sans doute les armes lourdes de pointe de cette époque, figé dans l’éternité de l’histoire, on y pose pour immortaliser notre passage.
« venez manger chez moi, c’est gratuit, c’est l’anniversaire de ma femme. »

Au restaurant chez Thio
Dernier acte de notre visite insulaire, chez Thio, c’est un restaurant sur la plage très fréquenté, Thio est en face de sa baraque et racole les clients, pour accrocher, il vous invite à venir manger chez lui, c’est gratuit car c’est l’anniversaire de sa femme.
Ne vous fiez pas à cette technique d’approche, si vous mangez vous payez (ça vous le savez).
On s’y installe, mange un morceau, entre temps le ‘’mame Castel’’ revient, on n’a pas finit de manger, encore moins de rentrer on le laisse partir sans nous, son prochain passage ce sera dans une heure à15 h, on attend, il est pile au rendez-vous, du quai d’embarquement je caresse une dernière fois, Gorée de mon regard insatiable et file reprendre ma place du matin, la tête pleine d’histoire…..

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