Hier encore j’étais une fille

Article : Hier encore  j’étais  une fille
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30 septembre 2017

Hier encore j’étais une fille

Lui, on l’appelait E… et il venait d’un cocon familial très ancré dans la hiérarchie sociale. La vingtaine et en deuxième année de fac. Brillant, sans vices, il collectionnait et brisait les cœurs.
Elle, avait 4 ans de moins et venait d’entrer au lycée. Jeune fille bien éduquée, jusque là sans problème et sans le moindre copain. Chose plutôt rare à son âge.
Les deux s’étaient rencontrés au hasard d’un bal nocturne. E…avait pris les devant et avait dragué J…, poliment mais fermement elle l’avait éconduit.
E… était drôle, cultivé, charmeur et faisait chavirer le cœur de toutes les filles, y compris dans l’entourage de la fille. Ce dernier détail avait pesé dans la balance, le vent avait tourné et les deux tourtereaux s’étaient mis ensemble.
De J…tout le monde avait jusque là l’image d’une fille modèle. Comme l’amour sait faire des miracles ,un jour elle décida de l’inviter en famille.
Ce soir presque tout le monde avait un rencart. J… voulait marquer son territoire alors elle sortit le grand jeu. Une tranche de bœuf savamment cuisinée accompagnée de frites et un jus au gingembre était au menu. Une soirée en tête à tête avec celui qui venait de dompter son cœur .Vu tout le mal qu’elle se donnait, elle était amoureuse. Ça crevait les yeux.
C’était les vacances et E… et J… mirent du cœur dans leur relation au point de la rendre fusionnelle, nécessaire . Elle était aveuglée par ses sentiments, tandis que pour lui, il y avait le contraste. Aimant un jour, détestant l’autre jour, frivole un jour et fidèle le jour d’après.
Cette inconstance rongeait J mais elle s’en accommodait par amour. Dans ses bras, elle oubliait tout.
Un jour une dispute éclata entre les amoureux et ils boudèrent pendant une semaine. Est ce sur demande de J… ou non, Med se proposa de jouer les médiateurs. Med était le cousin de E… et le voisin de J…
Pour la seule fois de l’histoire J… était ‘’coupable’’. Son crime, avoir donné son numéro à un autre jeune homme. Simple orgueil de mâle et J… en avait bavé.
Med avait averti de son passage. Il frappa à la porte ,et E… répondit l’invitant à entrer, derrière il y avait J, maladroite et hésitante . ça, son cousin ne lui en avait pas parlé.
Ils prirent place et Med regretta le coup de froid au sein du couple avant de demander pardon au nom de J… Fini promit E… qui pour convaincre le médiateur, enlaça longuement la jeune fille .Rien à dire elle était sexy. Med n’avait plus rien à faire là, ses bons auspices avaient abouti. Il s’en alla.
Cette nuit, il y eut peu de mots, un lecteur crachait des salves de slow. Les amoureux ne se firent pas prier pour jouer aux jeux interdits et bientôt de se découvrir dans leur tenue d’Eve. Ils étaient en osmose. Seconde après seconde, ils touchèrent le 7ème ciel, ensemble.
L’instant était si magique qu’elle sentit à peine l’irréparable se produire. J… en fut triste, sanglota se reprit avant de lâcher : « j’espère que je n’aurai jamais à regretter cet acte ».
La nuit se poursuivit toujours en silence. A l’aube, c’est elle qui le réveilla pour qu’il la raccompagne. A pied c’était l’histoire de 10 minutes. Elle renfila ses habits, il fit de même, bras dessus dessous, ils prirent le chemin empruntant le bus 11. Le trajet aussi se fit en silence.
Derrière la concession familiale de la jeune fille , ils s’étreignirent une nouvelle fois avec fougue. Elle se dégagea subtilement, il le fallait, l’appel du muezzin déchirait l’aube.
Au moment pile d’ouvrir le portail de son domicile, elle fixa le jeune homme droit dans les yeux et lui dit : « ce soir en venant chez toi j’étais une fille, en y revenant je suis une femme… »
A ces mots, elle disparut dans la nuit laissant son amant médusé. Les mots fille et femme s’entrechoquaient dans la tête du garçon et leur poids était insupportable. La terre s’effondra sous ses pas…

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