Quand voyager devient une amere epreuve

Article : Quand voyager devient une amere epreuve
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1 juin 2017

Quand voyager devient une amere epreuve

La route est impraticable, 450 km serpentant entre d’énormes montagnes depuis la mangrove jusqu’aux contreforts du Foûta Djallon. La nature y est indéniablement belle mais le mauvais état de la route occulte tout ce charme.

Il fallait rentrer à Labé car la nécessité s’imposait et il fallait braver la nationale et ses aléas, tantôt bitumée, tantôt dégradée, tantôt à l’épreuve des sillons creusés par l’eau qui reprend ses droits faute de fosses d’évacuation.

La mort dans l’âme, je devais affronter cette épreuve pour regagner mon Labé.

A six heures, fidèle à mes habitudes, je suis à Bambeto espérant trouver un taxi pour le retour.

A ma grande surprise le parc est noir de monde, c’est comme si tout le monde avait subitement décidé d’émigrer vers Labé. Trois véhicules sont déjà sortis et la demande ne cesse de croître.
Les gens jouent des coudes, s’impatientent, maudissent le sort mais la situation ne s’arrange pas.
Assis, en face de nous, un syndicaliste tient les tickets et prétend qu’il y a une rupture de véhicules, « les chauffeurs ont décidé de bouder Labé car les recettes ne leur profitent plus à cause de la route, les engins exigent plus d’entretien » nous raconta-t-il.

L’homme s’empare de son téléphone et fait un numéro sans doute un chauffeur, en parabole il lui peint la situation et ce dernier promet de venir embarquer certains passagers. Une bonne chose certes mais sans aucune logique dans le choix des passagers.

A cinq heures, des mères étaient là, ayant bravé l’obscurité et l’insécurité mais maître Malal n’avait que faire de ces émotions, pour lui tout était argent et corruption.

L’homme refuse de nous vendre le ticket qui nous aurait permis d’embarquer à bord du taxi  »salvateur » qui arriva dans la foulée. Mais de par derrière un vieux lui glisse des sous en plus du transport pour trois personnes, sa femme, son fils et pour lui même et le syndicaliste lui remet trois tickets alors qu’il venait juste d’arriver, les femmes s’énervent ainsi que tous les autres passagers moi y compris, un autre chauffeur plaide pour un prétendu parent et sa famille comme par miracle, il obtient le ticket, la cohue recommence et un esprit de révolte commence à souffler, au point que le vieux responsable syndical décide de quitter sa place pour de longues minutes.

A son retour, le taxi  »salvateur » était déjà sorti et il s’apprêtait à récidiver avec un autre véhicule quand je décidai de jouer mon va tout en signifiant avec véhémence ma déception et ma colère à l’homme qui ne comprenait que le langage de l’argent et de la corruption.

« Maître » fis-je pour commencer, attirant du coup son attention et celle de tous ces visages en colère. « Vous avez mal agi en embarquant les derniers venus devant nous,on a encaissé le coup mais la prochaine fois je vous le ferai regretter et je ferai un scandale qui vous restera à l’esprit car ces agissements sont indignes d’un homme de votre trempe« 

Le ton était on ne peut plus ferme, le silence se fit et surpris l’homme n’eut aucune réaction. Au fond de moi, je me sentais un tout petit peu libéré et il ne restait plus qu’à attendre et on attendit. Moi de mettre mon plan à exécution, les autres passagers de vivre le film promis et l’homme sans voix et perdu dans ses pensées semblait atteint, il ne faisait plus le malin.

Des minutes s’écoulent, il disparaît, à son retour il était flanqué d’un commandant de Gendarmerie désireux de se faire servir en passagers pour amortir ses dépenses, Maitre Malal contre toute attente me pointa du doigt et dit : « toi d’abord, tu es là depuis 6 heures ! » Et je ne me fis pas prier en un tour de bras ma valise était dans le coffre de la Mercedes de l’officier de gendarmerie et moi même m’installai sur le siège passager à proximité du chauffeur.

Une vieille dame et deux jeunes hommes occupèrent le siège arrière et nous prîmes la direction de la capitale du Fouta Djallon. C’était parti pour 11 h de route…..

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