le cousinage à plaisanterie et la force du serment en Afrique traditionnelle

7 octobre 2018

le cousinage à plaisanterie et la force du serment en Afrique traditionnelle

Le cousinage à plaisanterie : Une réalité africaine
Pratique née sous le mandé médiéval, le cousinage à plaisanterie permet aux cousins de dire des vérités qui en autre temps auraient soit blessé soit suscité une réaction négative et celui qui reçoit la plaisanterie doit l’accepter et se plier aux exigences du sanakouya.
Ainsi, par ce biais, on peut attirer l’attention d’un chef sur sa façon de gérer, à une personne de renom on peut toucher ses défauts sans qu’elle ne se sente rabaissée ou offensée.
Au Fouta Djallon, par exemple en guise d’illustration, les Diallo sont les cousins à plaisanterie des Bah, les Barry ceux des Sow et de la même façon les Tounkara, Garankés sont les cousins des Diakankés quel que soit le nom qu’ils arborent. (Conté, Diaby, Diakaby etc.)
Dans ce billet, c’est justement, l’imbrication entre ces deux entités sociales qui nous intéresse.
Garankés et Diakankés : Une amitié multiséculaire
Ces deux entités sociales, sont amies depuis des lustres, impossible à camper cette amitié dans le temps mais au Fouta Djallon, le hasard s’est chargé du rapprochement.
A la fondation de la grande mosquée par Karamoko Alfa, chaque fois que le mur était bâti le jour, des forces venaient le détruire de nuit et le lendemain, il fallait tout recommencer.
Déterminé à finir son œuvre, Karamoko Alfa ne se découragea pas et fit appel à l’ancêtre des Garankés Balla Tounkara , ce dernier répondit mais posa comme condition que le maitre de Labé, le laisse associer son expertise à celle de l’aïeul des Dikankés, Souman Fodé Diackaby et à deux, ils exorcisèrent le lieu permettant au pieux Karamoko, de finir tranquillement son chantier.
En guise de récompense, aux deux consultants, il fut donné es terres que l’on peut localiser de nos jours à Paraya et Konkola où vit une forte concentration des descendants de ces deux patriarches.
Pourquoi le mariage est-il interdit entre Garankés et Diakankés
Deux femmes vivaient ensemble avec leur époux, le premier couple était Diakanké et le second Garanké, les deux femmes étaient toutes nourrices et un jour alors que les époux étaient au champ et que les deux femmes étaient aux tâches du ménage, un feu se déclara dans la case, où dormaient les deux nourrissons. Prises de panique les deux dames se précipitèrent dans le brasier, chacune ramassant l’enfant sur lequel elle était tombé en premier sans savoir si c’était le sien ou non.
Dans la débandade, chacune s’en alla de son côté, sans revenir sur ses pas et depuis lors comme nul n’a pu savoir qu’est qu’il en était, il a été décidé que ces familles ne se marieraient jamais pour éloigner tout ‘’inceste’’ car devant le doute, la prudence veut qu’il n’y ait aucune prise risque.
Aujourd’hui encore, les sages de ces familles, en gardiens du temple veille au grain pour ne pas qu’un des leurs ne brisent cet interdit multiséculaire.

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