Les ‘’gnamakalas’’ du Fouta Djallon vrais dépositaires de l’art de parler

20 novembre 2017

Les ‘’gnamakalas’’ du Fouta Djallon vrais dépositaires de l’art de parler

Aux alentours du 16 ème siècle, les peuhls nomades en quête de vastes prairies ont posé leurs baluchons sur le Fouta Djallon. Cette arrivée marquera profondément la naissance et la pratique de l’art de parler.
Contrairement à une idée reçue, les ’’Nyamakalas’’ du Fouta Djallon ne sont pas de nos jours les ultimes représentants des formes expressives anciennes . Cette tâche sied mieux aux awluubhes.
Et depuis, l’histoire des awluubhes et autres nyamakalas est tributaire aux cours royales. Les premiers sont considérés comme historiens, chroniqueurs au service des monarques . Les seconds n’étaient que des semeurs de joie.
Le raffinement du Gaoulo contraste avec l’excentricité des nyamakalas. Aussi, autant le Gaoulo avait l’obligation de préparer sa descendance à reprendre le flambeau , autant le fils du nyamakala avait le choix d’hériter du métier paternel ou non.
L’origine des Awluubhes est souvent assimilée au passage de Elhadj Omar Tall au Fouta sous le règne de l’Almamy Oumar Barry au XIX siècle.
Réunir tous les instruments du folklore : un pari osé
Réunir les instruments de toutes les aires culturelles de la Guinée a germé à la fin des années 50. En exemple, les sistres, la flute pastorale, la calebasse ou le violoncelle qui sont des instruments du folklore peuhl ont été associés à la Kora, instrument à corde d’origine mandingue ou au balafon .
Une stratification entre les maitres de la parole traditionnels
Aussi dans la pratique musicale, une certaine stratification sociale se démarquait. Aux captifs revenaient les percussions et les instruments à vent et aux hommes libres les instruments à corde.
Percussions et instruments à vent se jouaient debout et incitait à l’effort tandis que ceux à corde ne nécessitait aucun emballement du corps.
Dans les mentalités primitives ,ces deux niveau disjoints renvoyaient surtout à ce qui était conforme à la dignité de chacun . D’un côté le bruit et le rythme et de l’autre le raffinement et la retenue.
Survivance des pratiques musicales et festives des périodes ante islamiques
Sous la théocratie au Fouta, les efforts de destruction des tambours païens ‘’dunduudji’’ ont occasionné l’intérêt des Djallonkés pour le tamtam ‘’djembé ’’ souvenir des orgies lors adoratives . Loin des vainqueurs, la nuit, ils maintinrent la tradition du jeu avec des instruments sauvegardés ou reconstitués.
Simultanément l’arrivée de captifs saisis lors de razzias dans les campements Kouranko , Toma, Kissi et Malinké, enrichit d’instruments nouveaux, une musique devenue impossible à étouffer.
Lors de la période coloniale, les ‘’Nyamakalas’’ sont carrément sorti du cadre des veillées traditionnelles pour devenir des troubadours au service tour à tour de l’administration. D’abord les chefs de canton et enfin du parti Etat à l’indépendance.
L’âge d’or des Nyamakalas du Fouta Djallon
L’âge d’or des ‘’Nyamakalas’’ en Guinée reste confondu au nom de Yacine Diallo, premier député guinéen à l’Assemblée constituante, mais c’est Ahmed Sékou Touré qui réunira dans un ensemble les virtuoses d’instruments qui se jouent aussi bien debout qu’assis .
Ce dessein politique appliqué à la culture marquera à jamais une rupture avec ‘’l’aristocratie traditionnelle’’ et conduira le profane vers la sublimation artistique.

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